Les jours et les nuits, les saisons passaient tranquillement.
La vie ! .
La difficulté, c'est que j'avais deux vies …
Ma vie en Ardèche, au printemps avec son lot de beauté et de fleurs, la saison froide avec ses soirées devant la flamme du mirus, ou la chaleur de la cuisinière bois et charbon , et enfin la saison des pêches fin du printemps, ou septembre. Celle ou je grandissais sous les yeux aimants et attentifs de tata et tonton.
Et celle ou je partais, gâcher l'été de ma grand mère. Juillet et août ou sauf cas exceptionnel, je partais résider dans le midi.
Tonton René travaillait à la criée de Hyères (qui n'existe plus depuis longtemps), qui se trouvait en face des Dames de France.
Il nous ramenait souvent des légumes qu'Isabelle, ma mère grand, cuisinait, je sens encore le fumet de la soupe de légumes ! mais aussi celle de la crème au chocolat qu'elle préparait lorsque le famille venait lui rendre visite. C'était une très bonne cuisinière, elle disait toujours que "quand on est gourmand, on sait cuisiner"
Elle passait beaucoup de temps en cuisine, et avait travaillé chez des gens fortunés dans sa jeunesse, ce qui faisait, qu'elle tenait à les imiter sur tous les plans, ce qui ne lui arrangeait pas le caractère. En ce qui me concerne, je pense que dans notre vie, le mieux c'est de nous accepter tels que nous sommes, quand on est née chez des paysans, ça ne sert à rien de se raconter qu'on est d'un autre monde ...
Isabelle ma grand mère, avait des qualités, je n'ai pas eu connaissance de son chemin de vie complet, mais elle aussi y avait sans doute laissé des plumes, elle prenait très souvent de petites pilules, dont je penses que c'était des calmants, ce n'était ni la première, ni la dernière, mais je penses, que j'avais peut être été la cerise sur le gâteau d'une vie déjà bien sucrée ...
Elle avait eu trois enfants, deux filles, Marguerite et Marcelle, et un fils quelques années plus tard, mon père Jean (dit Jeannot).
Mon père était le dernier, le petit caca gnou, celui qu'on a sans doute beaucoup trop chouchouté, gâté et dorloté.
D'un autre côté ...
Mamie était ce qu'elle était, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle n'était pas facile.
Mon grand père nous avait quitté au moment de mes un an, juste avant que ma mère, comme une alouette, s'envole, vers des cieux, qu'elle espéraient meilleurs
Et mamie grand s'était retrouvée seule à gérer le bar, puis elle avait rencontré celui que j'ai pendant très longtemps appelé "tonton René"
puis à la fin "Papy René"
Moi je ne me souvenais que de lui, et je l'appréciais, j'aime les gens droits et sincères, même si ils sont parfois un peu durs ...
D'après ce que j'ai pu comprendre au fil des conversations avec mes tantes, il était hors de question de résister ! à Isabelle (j'en avais fait l'expérience aussi).
Lorsque j'étais plus petite, avais je 5 ans ?, ou moins, je ne sais pas, elle voulait que je fasse quelque chose, et moi je ne voulais pas, (il faut avouer que mon côté "Breton" dont on dit qu'ils sont têtues ressortait bien (et même maintenant (rire)).
J'ai commencé à lui dire "non" tout d'abord elle m'a enfermé dans une pièce, je me souviens que j'envoyais des coups de pied dans la porte, une vrai petite furie ...
Comme je hurlais toujours, elle m'a sorti de la pièce, m'a attrapée par les cheveux (longs) a ouvert la fenêtre et m'a suspendu en dessus du vide de la rambarde, en me disant, si tu ne dis pas "oui" je te lâche".
Finalement, elle ne m'a pas lâché ! Ça aurait fait tâche dans le centre ville.
Mais je n'ai pas dit "oui" ... , c'est sans doute ce caractère à la C..
qui m'a sauvée, plus tard !
Images collection Hyères
https://collection-jfm.fr/t/cartes-postales-anciennes/france/83-var/hyeres-83#.V3ob9hLpwrM
Voilà de quoi, vous ôter toute envie de connaître les autres personnes faisant partie de vos racines, et créer une autre blessure ... A partir de ce moment, ma mère, pour moi ça n'a plus été qu'une photo dans un tiroir, et par peur d'être encore rejeté, je n'y ai plus pensée
Années 60
Changement de résidence pour ma grand mère ...
Il n'y avait pas que de mauvais moments, dans la petite maison, construite en sable de mer, très humide et qui recrachait les carreaux, car le sel ça suinte, ce devait surtout être gênant l'hiver, mais je n'étais pas là.
A l'époque, les deux immeubles jouxtant la maison n'existaient pas, lorsqu'elle a aménagé là;
j'avais plus de 10 ans
Une petite cours, avec sur le devant un muret, quelques fleurs, un puits dans cet espace, et surtout pendant longtemps un superbe bougainvillier nous pouvions manger au grand air, même si il n'était pas très pur, mais la pollution n'avait rien à voir avec celle d'aujourd'hui, et la petite rue qui montait vers le Castel Sainte Claire toujours à Hyères, protégeait un peu de la circulation qui passait sur l'avenue de l'ancien Hôpital, dont nous n'étions pas loin.
J'aimais beaucoup quand ma tante Maguy venait en vacances avec mes deux cousins, Gilbert avec qui je n'avais que quelques mois d'écart, et qui nous a quitté malheureusement depuis longtemps, et Daniel le petit frère, qui a toujours été adorable lui aussi ... enfin c'était de bons petits diables qui aimaient bien taquiner les filles, et moi j'ai toujours été très (trop) sensible, alors parfois ils m'en faisaient voir, mais c'était de bons moments !
C'était des taquins petits garçons, et ma tante Maguy a cru un jour où elle avait des courses à faire, alors qu'elle m'avait accueillie dans la maison qu'elle louait, à la sortie de Hyères pouvoir me les confier ... Alors que je n'avais que 6 mois d'écart avec le plus grands de ses fils ! et j'avais apporté avec moi, mon poupon "Jojo", il était en plastique et pas extraordinaire, mais m'avait été offert par mon père, pour moi un vrai "miracle" je l'adorais"
Bien sur je ne suis pas venue à bout de mes deux cousins, qui ne savaient pas quoi faire pour me faire enrager ... Pour finir ils ont cassé mon Jojo ...
Et ma grand mère est arrivé (un peu tard) pour prendre le relais, et quand elle a vu le chagrin que j'avais devant mon baigneur à la tête arrachée, elle m'a dit
"je t'achèterais une belle poupée" ! je n'en ai jamais vue la couleur ...
Dieu que les personnes ont du mal à se mettre à la place des autres et en l'occurrence d'un enfant ...
Ceci dit moi aussi, j'ai fait de sacrés erreurs avec me propres enfants ...
Il y avait aussi, mais eux je ne me souviens pas que ce soit été très souvent, sauf à partie de 1962, 63, ma tante Marcelle, qui avait épousé un pied noir "tonton Louis", dont j'étais éblouie par les beaux yeux bleus , car sa famille à la base était venue d'Alsace avant de résider en Algérie et ma cousine "Irène, isabelle (son mari l'appelle ainsi) mes deux cousins Jean claude et Patrice, ah quand il étaient là, tout changeait et j'aimais beaucoup lorsqu'ils m'emmenaient manger chez la famille de tonton, des pieds noirs, qui avaient un immense sens de l'hospitalité, du monde, des paroles des rires, des cris, j'adorais ça et j'avais l'impression enfin d'être vivante lorsque je baignais dans cette ambiance ...
Je ne réalisais pas que derrière cette joie apparente se cachait tant de malheurs et de tristesse, c'était en 1963, 64 ils étaient partis d'Algérie vis à vis des évènements et vivaient en famille (avec des frères et soeur du tonton, plusieurs couples et enfants) dans deux pièces avec un lavabos dans le couloir et des matelas serrés dans un coin de la pièce dans la journée, pour leur permettre de manger !
Un soir d'été je pense que c'était le 14 juillet j'ai mangé avec eux une fois de plus ... Au menu des lentilles, et bien sur j'ai dit "je n'aime pas ça" (car je n'aimais rien !) m'a tata m'a rétorqué "c'est ça ou rien" ! j'en ai repris 3 fois,
j'étais une petite fille qui était devenue capricieuse, le mieux et l'ennemie du bien et mon oncle et ma tante à force de ne pas vouloir me faire pleurer avaient manqué d'autorité par malheur pour moi ... , autrement ils n'auraient peut être pas été obligés de me renvoyer dans le midi auprès de mon père, qui n'en avais rien à faire de moi !
Mais ce soir là, on est allés voir le feu d'artifice et c'est un joli souvenir de mon adolescence, qui aura été très courte ! trop courte ...
D'autre part, cette année là
Mon père s'étant retrouvé seul, car Edmonde était partie à Paris avec un autre filer, le parfait amour (du moins le croyait elle), il a cherché une nouvelle compagne très rapidement, et a suivi le conseil de sa mère, épouser Juliette, qui elle possédait des biens !. Je l'ai entendu demander son avis à ma mère grand, et son avis était sacré ...
Il s'est marié, mais bien sur je n'était pas présente, ça aurait été étonnant qu'on m'intègre dans cette cérémonie, vis à vis du grand cœur de sa nouvelle épouse, que j'allais découvrir par la suite …
Lors de leur voyage de noce, les nouveaux époux, nous ont rendu visite en Ardèche, une façon de me présenter à sa compagne.
Je ne saurais dire quel est le mois où ils sont venus, ce devait être pendant la saison froide, car en allant visiter Valence, ils m'ont acheté des collants en laine.
Pourquoi est ce que je me souviens de ça ? Quels étaient mes sentiments intérieurs, je ne sais pas !
Mon père était monté à Saint Péray, une fois avec Viviane (l'autre possible compagne) , je l'avais trouvée très gentille et sympathique. J'avais dormi avec elle. En ce qui la concerne, elle n'avait pas fermé l' œil de la nuit, car les planchers ainsi que les meubles, craquaient, moi j'étais habituée, c'est classique dans les vieilles maisons, mais pas elle.
Je pense que ma vie, mais aussi « notre » vie à mon père et à moi, aurait été bien différente s'il avait choisi Viviane, qui ne possédait pas beaucoup de biens, mais avait pour elle un cœur plein d'amour ! Par contre avec sa première compagne, pour qui les enfants étaient juste une charge qui empêchait de profiter de la vie ... je ne pense pas que ça aurait été mieux !
Je dis que pour nous ça aurait été différent ! : Mon père à travaillé comme un esclave toute sa vie, la journée dans une entreprise de menuiserie, la nuit dans les champs à aller mettre les arrosages, où porter les fleurs à la criée, le dimanche, c'était pour travailler dans les champs, même le jour de noël ou de n'importe quelle fête, c'était, on trime, c'était le moment où les fleurs se vendaient le mieux ...
je suis sure que cela l'a vraiment usé … mais c'était son choix.
En ce qui concerne Edmonde, lorsqu'elle est revenue dans le midi, un an ou deux après les mariage de mon père (c'est ce que m'a dit ma grand mère) elle cherchait son Jeannot partout ... la preuve qu'il pouvait être agréable quand ça l'intéressait. son nouvel amant l'avait laissée, malade et sans rien ! On sait ce qu'on ce qu'on quitte mais pas ce qu'on prend ...
Mais mon père avait trouvée une autre femme, et il n'y avait plus de place pour elle dans sa vie, surtout que ma soeur Christine que j'ai peu connue vis a vis du contexte, puisqu'on ne m'a pas permis de vivre avec eux, était en route.
Je suis juste restée quelques mois chez eux lorsque j'ai commencé à travailler en tant qu'apprentie (9 heures et demi par jour, les dimanches matin et les lundi matin en saison d'été et j'avais mon lundi matin en hiver) ce dont je me souviens c'est que notre père en supplément de toutes les charges de travail qu'il avait se levait la nuit quand elle pleurait ... lui donnait son bain etc, et que j'ai encore sur une de mes oreilles la marque du fait qu'elle m'a quasiment arrachée une boucle d'oreille un jour où je l'avais prise dans mes bras, elle tirait, tirait on arrivait pas à enlever son doigt ! oui je la connais peu, mais elle m'a bien "marquée"
Et là aussi, je constatais la différence, entre une enfant désirée, et moi qui ne l'avait pas été !